En 2009, deux adolescentes ont trouvé la mort dans un accident de la route alors qu’elles étaient en colonie de vacances aux Etats-Unis. Leurs parents envisagent de porter plainte.
Ils voient revenir l’été et les colonies de vacances avec une angoisse mêlée de colère. Le 22 août 2009, leurs filles Léa Baldaccini, 17 ans, et Orane Pozzo di Borgo, 16 ans, ont trouvé la mort dans un accident de minibus lors d’un séjour en Californie, aux Etats-Unis. L’une des trois animatrices, qui faisait aussi fonction de chauffeur, s’était assoupie, épuisée, au volant. Près de deux ans après ce drame qui a brisé leur vie, les parents de ces deux adolescentes originaires des Bouches-du-Rhône ont fait de la sécurité des séjours pour mineurs à l’étranger un véritable « combat ». Ils sont allés le défendre jusqu’à l’Elysée, où ils avaient rendez-vous mercredi matin, et auprès du député de leur circonscription à l’Assemblée nationale.
Les animateurs faisaient office de chauffeurs
Les parents de Léa et d’Orane s’apprêtent en outre à porter plainte à Marseille pour « homicides involontaires ». Ils sont désormais soutenus par la Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs (Fenvac). Leur objectif est que la responsabilité éventuelle de l’agence organisatrice du voyage, Cousins d’Amérique, soit un jour établie. Car jusqu’ici aucune des procédures qu’ils ont engagées en ce sens, d’abord aux Etats-Unis, n’a encore abouti. « Nous avons d’abord découvert que l’accident n’était pas dû à la fatalité mais à de graves manquements à la sécurité, expliquent Gilbert Pozzo di Borgo et Nathalie et Gilles Baldaccini. Nous avons ensuite réalisé que tout le système de voyages à l’étranger pour les jeunes était dangereux : ce genre d’agences commerciales profite d’un secteur très lucratif sans véritable contrôle, ni agrément, ni sanctions en cas de problème. »
Itinéraire non respecté, animateurs payés 24 € par jour faisant office de chauffeurs, enfants contraints à 10 heures de route après avoir dormi sur la pelouse d’une aire de station-service… « Ce voyage, c’était du vagabondage à 2600 €! » s’insurge Nathalie.
« L’enquête administrative (NDLR : conduite en France par la direction jeunesses et sports des Hauts-de-Seine, à qui ce séjour avait fait l’objet d’une simple « déclaration ») n’a pas révélé de manquements imputables à l’organisateur du séjour », répète de son côté Cédric Jabault, le patron de Cousins d’Amérique, qui se plaît à citer les propos du ministre de la Jeunesse d’alors. « Du fait du vide juridique existant, seules l’animatrice et la directrice du séjour, qui ont été interdites d’exercer, pouvaient être de toute façon sanctionnées », rétorquent les parents de Léa et d’Orane.
Le PDG de Telligo, « leader des colonies » pour « 15000 jeunes par an » selon son site Internet, Cédric Javault, déplore « l’amalgame » que les parents des victimes établissent, selon lui, entre cette entreprise et sa filiale Cousins d’Amérique.
« Telligo n’a rien à voir avec l’accident », défend-il, en affirmant par ailleurs « ne pas être choqué » par leur prochaine plainte. Une proposition de loi soumettant les sociétés comme les siennes à un agrément préfectoral et à des sanctions pénales en cas d’incident devrait, en tout cas, être déposée prochainement. Sur ce plan, les parents de Léa et d’Orane ont, semble-t-il, remporté une bataille.